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“Le sexe entre deux personnes, c’est beau. Entre cinq personnes, c’est fantastique...”
Woody Allen

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"La cocaïne, c'est la façon qu'a Dieu de nous montrer qu'on a trop d'argent."
Sting

ROCK' N'ROLL

"Je ne suis pas le roi du rock'n'roll, mais le premier ministre."
Chuck Berry

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Le porno et son histoire

Par Saint-Sernin, 15 Janvier 2014

Serpentine Dance, une des nombreuses prestations considérée comme osée que la danseuse Annabelle Moore a exécutée sur le premier studio de cinéma, créé par Thomas Edison.
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De haut en bas : "Sœur Vaseline" de 1904 et "L’atelier faiminette" de 1921, le début du porno.

Tout commence en 1895 avec Serpentine dance, où une jeune femme danse en faisant voler ses voiles un peu trop transparents. Pas de chair visible pour l’instant, mais à l’époque l’image animée intrigue par sa nouveauté et les esprits chagrins tentent de prévenir les dérapages. Voilà pourquoi, en 1896, le premier baiser filmé fait scandale. Jusqu’où cet art futur poussera-t-il le bouchon ? Méliès ne tarde pas à répondre à cette question en produisant le premier court-métrage coquin en 1897. Une minute, il faut avoir le fap aussi rapide que l’éclair. À partir de 1904, l’érotisme vrai débarque. Sœur Vaseline, d’origine italienne, évoque l’histoire d’une nonne perverse. Les réalisateurs prennent un malin plaisir à parodier les mœurs des ecclésiastiques, au fil des ans, il s’en trouvera toujours un pour mettre en scène des bonnes sœurs ou un curé.

Le pionnier de l’érotisme s’appelle Johann Schwarzer, l’Autrichien monte son propre studio dédié à l’érotisme, Saturn Film (nom qu’utilise Nicolas Cage pour sa boîte de prod, sans doute un hommage). Décomplexé, Schwarzer fait même de la publicité dans les journaux. Malheureusement, cette réclame lui attire les foudres du monde entier et sa cinquantaine de films est brûlée manu militari. Pendant ce temps, La Coiffeuse est le film français qui reste dans les mémoires. Une jeune femme se coiffe et émeut par son naturel, son doux sourire et ses belles pommettes. Sa poitrine parfaite est exhibée sans obscénité. À l’époque, ces œuvres brèves sont destinées aux salles d’attente des bordels et mettent en scène les prostituées et leurs clients.

Devant le développement de ce cinéma choquant les mœurs les plus sensibles, la censure s’organise et apparaît en 1907 aux États-Unis et 1909 en Grande-Bretagne et en France. Deux circuits voient le jour. D’un côté, les films destinés au grand public n’offrent que de la suggestivité. D’un autre, les œuvres érotiques sont uniquement réservées aux salons privés de la bourgeoisie.



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Pornografi : Un porno
avec une BO composée par la légende du jazz Dexter Gordon.

Mille neuf cent douze, Sexe dans le champ (Die kleinen gefahren) serait le premier porno. L’utilisation des gros plans signe le style du genre pour les décennies à venir. Pendant que les Poilus meurent au champ d’honneur, un Américain filme, dans The Free Ride (1915), un homme qui urine devant deux jeunes femmes amusées. L’uro est à son meilleur. La zoophilie suivra en 1920 dans Devoirs de vacances où des religieuses vivent une vie sexuelle plutôt libérée, loin des préceptes de leur congrégation. Un an plus tard, en 1921, l’AFPB décrit L’atelier faiminette (joli jeu de mots) comme un pionnier du féminisme, car un moustachu en redingote n’arrive pas à bander et se fait moquer copieusement par les deux ouvrières. Nous leur laissons ce commentaire. En tout cas, la partie à trois semble déjà un tag inévitable.

À cette époque, les films coquins et pornos se tourneraient en parallèle de productions traditionnelles, histoire de gagner de l’argent sur les deux tableaux, permettant ainsi des économies d’échelle sur les équipes, les costumes et les décors. Des grands réalisateurs du cinéma muet auraient donc, dans le secret, apporté leur contribution à la pornographie. Ce sont là des spéculations, apparemment aucune preuve n’existe pour affirmer cette duplicité. Les pornographes préfèrent garder l’anonymat en général.



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Brian De Palma dira d'Annette Haven qu'elle a un "corps phénoménal".

Depuis 1920, aux États-Unis, la période du Pré-code (avant un code de censure à venir) fourmille de films libertaires dont beaucoup laissent la nudité et la sexualité s’exprimer sans limites. C’est à ce moment que la pin-up Betty Boop naît par exemple. Elle tourne nue, elle aussi. Le code Hays s’applique en 1934 : l’impudeur et l’indécence sont désormais interdites. Heureusement en Europe, le cinéma peut dévoiler les corps plus facilement. Tout au long de cette histoire, l’AFPB n’oublie pas de nous rappeler les scandales suscités par la production mainstream, choquant les bonnes mœurs et les ligues de vertu, comme lorsque Rita Hayworth effeuille son bras droit ganté de soie dans Gilda.

On saute quelques années, 1953, la magnifique et charismatique Betty Page remue la libido des Américains. En France, Brigitte Bardot donne la fièvre aux amateurs de cinéma. Et Dieu créa la femme finira d’enflammer le cœur des hommes. Il faudra le génie de Godard pour éteindre l’incendie avec le soporifique Mépris ; on y voit pourtant les fesses parfaites et la cambrure exagérée de celle qui se donne à qui lui plaît.

En 1959, Russ Meyer invente le nudie, du cinoche sans gros budget où les filles à poil sont souvent le seul atout de la réalisation, de l’exploitation comme ils disent. L’AFPB érige Max Pecas au rang de représentant du nudie en France. Dans les pays nordiques, toujours à faire différent ceux-là, la diffusion d’images érotiques est autorisée pour l’éducation sexuelle. Sous ce prétexte, Je suis curieuse montre en 1966, une jeune femme embrassant un pénis flaccide. Contrairement aux nudies, cette audace ne représente pas l’unique intérêt du long-métrage en deux parties.



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Rene Bond est la première actrice de films pornographiques avec des implants mammaires.

Une nouvelle censure succède au code Hays américain, il s’agit de la classification par âge. La pornographie va alors se développer, puisque la jeunesse est protégée et se voit refuser l’accès aux séances interdites aux mineurs. Deepthroat, Derrière la porte verte sortent en 1972. Linda Lovelace devient la première porn star, celle du grand public. Marilyn Chambers, plus confidentielle, est la chérie des esthètes. De retour en Europe, en 1973, Thriller: a cruel picture du Suédois, Bo Arne Vibenius, pose les bases du revenge movie, plus tard Tarantino s’en inspirera d’ailleurs fortement pour Kill Bill. Du porno a été glissé, par le producteur, dans cette histoire de jeune femme borgne violée qui cherche vengeance, une astuce afin d’augmenter le nombre d’entrées. Malins les Vikings.

En 1974, le phénomène Emmanuelle remplit les salles de ciné françaises. En 1975,Le sexe qui parle nous rappelle qu’en France, on aime le cul et la rigolade, comme Patrick Sébastien. Cette réalisation de Claude Mulot met en scène une vulve bavarde et affamée qui se lasse de sa bourgeoise coincée (avec qui elle fait corps). La même année, Giscard n’autorise plus la pornographie que dans un circuit parallèle de distribution, le classé X fait son apparition, les salles de projection spécialisée aussi. Toujours dans le porno galéjade, Jean-Pierre Bouyxou réalise Amours collectives, où il fait réciter du Racine à ses acteurs. L’AFPB nous incite fortement à visionner cet étrange film. Jusqu’en 1980, les réalisations érotiques et pornos se succèdent : Spermula, L’empire des sens, Eruption avec le gigantesque John C. Holmes, le québécois et explicite L’Ange et la femme avec Carole Laure, Bilitis de David Hamilton, Caligula de Tinto Brass, etc. Profusion, donc.

Le porno en 35 mm numérote ses abattis. La VHS arrive et s’impose dans les années 80, l’âge d’or de la cinématographie porno se déchire sur cette ambiance folle dont les anciens perpétuent le souvenir, la larme à l’œil, la teub en berne. Marc Dorcel s’en fiche, il débarque dans le game avec Jolies petites garces (1979) et il écoule 4 000 copies dans les sexshops. La suite fait partie de l’Histoire, il est toujours le boss du matos. Les salles X ferment les unes après les autres, mais des films continuent de sortir comme Café flesh en 1982. Rinse Dream, un pseudo, réalise un porno post-apocalyptique où deux catégories d’humains cohabitent : ceux qui peuvent encore baiser et ceux qui ne peuvent plus ; les premiers s’exhibant devant les seconds dans des théâtres pornos.



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Nancy Suiter était un phénomène dans l'industrie du porno. Elle brûle l'écran au cours des années 80 avant de disparaître brusquement. Les rumeurs les plus tristes circulent depuis.

Canal + chamboule la télévision le 31 août 1985 en diffusant le film porno Exhibition. La même année Emmanuelle n’est plus projetée dans les salles de cinéma. On remballe les affiches et le fauteuil en osier. 1986, les films tradi se réchauffent. Le Diable au corps montre une fellation, 37°2 le matin révèle Béatrice Dalle et son sourire, 9 semaines ½ les talents de danseuse de Kim Basinger. Le monde entier transpire à grosses gouttes et sur l’archipel japonais, on n’est pas en reste. 5 secondes avant l’extase (encore des chiffres), film érotique nippon, transporte l’héroïne dans le futur après un orgasme explosif, elle rencontre alors son mari de 2001 et se fait cocue elle-même. Voyager dans le temps grâce à la puissance de la branlette, le Japon est décidément une terre étonnante.

Puis ce sont les années 1990, le nu ne manque pas, bien au contraire. Avec La belle noiseuse et Emmanuelle Béart, Crash et Rosanna Arquette, Show girls avec Elizabeth Berkley et Gina Gershon, Striptease et Demi Moore, la disette de poitrines n’est pas un souci. De son côté, le porno en DVD prend du galon. Christopher Clark, Rocco Siffredi, Traci Lords, Tabatha Cash et Julia Channel deviennent célèbres, une caste d’acteurs vedettes sort son épine du jeu à l’international comme en France. Dans l’hexagone d’ailleurs, John B.Root se lance en 1997 et innove en expérimentant un cinéma plus interactif. C’est la décennie Hot Vidéo aussi, la cérémonie des Hots d’Or fait fantasmer à Cannes et beaucoup aimeraient y participer. Franck Vardon, le fondateur du magazine, s’est éteint cette semaine à l’âge de 58 ans



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Kandi Johnson joua au côté de Marilyn Chambers dans le mythique "Derrière la chambre verte"

Le cinéma d’auteur essaie des choses, en 1999, Romance scandalise, Rocco l’étalon italien y joue au comédien et tourne ses cascades explicites lui-même. L’érection revient sur la toile blanche des salles obscures. Dans Baise-moi de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi (2000), l’explicite tient une large place, trop apparemment. Le Conseil d’État est obligé de statuer devant l’émotion populaire, il retire le visa d’exploitation du film, après bien des tergiversations, et le condamne à une diffusion confidentielle. Dommage pour ce qui reste une des rares tentatives abouties de mélange entre porn et mainstream.

Le bug de l’an 2000 n’a pas eu lieu et on ne compte plus qu’une seule salle de cinéma porno ouverte à Paris, le Beverley. Internet tue progressivement le marché du DVD, une nouvelle ère débute. Les porn stars de studio existent encore, mais chacun peut en devenir une sur les autoroutes de l’information. La donne a changé et nous constatons aujourd’hui les conséquences sur une industrie bien moins vigoureuse qu’auparavant. Au cinéma, Ken Park, 9 songs, Shortbus scandalisent en ne mimant pas le sexe, toujours cette dernière frontière (bien que l’œil averti reconnaîtra des prothèses péniennes dans le film de l’éphébophile patenté Larry Clark).

Cette limite entre mainstream et porn semble infranchissable, car elle recourt au fantasme. Des films X scénarisés, il y en a eu plein et de bonne facture dans le passé. Pirates (2005) de Vivid et son record de film porno le plus cher montre l’exemple. Mais quand on souhaite l’explicite dans le cinéma, on rêve surtout de voir Scarlett Johannson se déshabiller et tailler une pipe à Joseph Gordon-Levitt. On se fiche un peu de voir James Deen bien jouer une intrigue de thriller, bien que la prochaine sortie The Canyons avec Lindsay Lohan contredira peut-être ce propos. Sur l’évolution du porno, on critique beaucoup le gonzo pour son manque de finesse et sa facilité, mais si on jette un coup d’œil au premier porn de 1912, vous avez un champ, un homme, deux femmes, pas de dialogues et du sexe en gros plan. En remplaçant le champ par une plage, vous avez du X-Art dans toute sa splendeur.

DRUGS

White Rabbit


Jefferson Airplane


And the ones that mother gives you, don't do anything at all

Une pilule te fait devenir plus grand, et une pilule te fait rétrécir

And the ones that mother gives you, don't do anything at all

Et celles que maman te donne ne font rien du tout

Go ask Alice, when she's ten feet tall

Va demander à Alice, quand elle mesure 10 pieds

And if you go chasing rabbits, and you know you're going to

Et si tu vas chasser les lapins, et que tu sais que tu vas tomber

Tell 'em a hookah-smoking caterpillar has given you the call

Raconte-leur que la chenille qui fume le narguilé a appelé

And call Alice, when she was just small

Et appelle Alice, quand elle était juste

When the men on the chessboard get up and tell you where to go

Quand les hommes sur l'échiquier, se lèvent et te disent où aller

And you've just had some kind of mushroom, and your mind is moving low

Et tu viens juste de prendre une sorte de champignon,, et ton esprit fonctionne au ralenti

Go ask Alice, I think she'll know

Va demander à Alice, je pense qu'elle saura

When logic and proportion have fallen sloppy dead

Quand la logique et les proportions n'existent plus

And the white knight is talking backwards

Et le chevalier blanc parle à l'envers

And the red queen's off with her head

Et la dame de cœur veut lui couper la tête

Remember what the dormouse said

Souviens-toi de ce que le loir dit :

Feed your head, feed your head

Nourris ta tête, nourris ta tête (1) __________ (1) ton esprit

glauque

ROCK

Quand Georges Abitbol Rencontre L'Homme le Plus Classe du Monde !

Les Parents du Rock

Textes provenant en partie d'une thèse (auteur inconnu) et d'un papier de Claude Speisser (59club.fr), le tout remanié par logo banana papers pour le site.

L’explosion de nouveaux mouvements musicaux, de genres inédits, en un si court laps de temps, est dû à la multiplication des moyens de diffusion des médias et à la nouvelle accessibilité de la culture musicale à tous, que ce soit par la diversité des support ou l’arrivée de la radio dans les foyers, et plus tard de la télévision. Mais c’est indéniablement liée à la nouvelle place que tient l’adolescent depuis les années 1950 : la jeunesse devient pour la première fois dans l’histoire de l’humanité un rouage privilégiée de la société de consommation. Une nouvelle industrie est née. « Le rock ne sera donc pas qu’une musique, qu’une mode : ce sera une attitude, un look, une façon de penser, de dépenser de l’argent. Un nouveau mode de vie », explique Benoît Sabatier, le rédacteur en chef adjoint de Technikart dans son livre Culture jeune. Les nouveaux artistes vont donc imposer non seulement leur style musical mais aussi un style vestimentaire, une attitude et une façon de vivre dont la place devient aussi importante et essentielle que leur musique en elle-même. L’explosion de nouveaux mouvements musicaux, de genres inédits, en un si court laps de temps, est dû à la multiplication des moyens de diffusion des médias et à la nouvelle accessibilité de la culture musicale à tous, que ce soit par la diversité des supports ou l’arrivée de la radio dans les foyers, et plus tard de la télévision.


Mais c’est indéniablement liée à la nouvelle place que tient l’adolescent depuis les années 1950 : la jeunesse devient pour la première fois dans l’histoire de l’humanité un rouage privilégié de la société de consommation. Une nouvelle industrie est née. « Le rock’n’roll ne sera donc pas qu’une musique, qu’une mode : ce sera une attitude, un look, une façon de penser, de dépenser de l’argent. Un nouveau mode de vie », explique Benoît Sabatier, le rédacteur en chef adjoint de Technikart dans son livre Culture jeune (paru aux Editions Pluriel). Les nouveaux artistes vont donc imposer non seulement leur style musical mais aussi un style vestimentaire, une attitude et une façon de vivre dont la place devient aussi importante et essentielle que leur musique en elle-même. La naissance du rock’n’roll a été provoquée par un conflit générationnel, à l’instar de beaucoup de genres musicaux à venir, et a eu des répercussions sur toute une génération. Et c’est dans les années 50 que notre histoire débute, la décennie libérale où les États-Unis se sont imposés comme les maîtres du monde. Alors que les pays d’Europe se relèvent péniblement de la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique apparaît comme une terre libre et prospère où les revenus des habitants grimpent en flèche, et la consommation aussi avec l’arrivée de biens nouveaux : électroménager, voiture, poste de télévision...
Les foyers américains sont bercés par les voix douces et mélodramatiques de Bing Crosby, Frank Sinatra et autre Doris Day, recouvrant alors le marché du disque; et les jeunes n’en veulent pas. Ils ont besoin de s’éloigner de leurs parents, qu’ils jugent bornés par la religion et obsédés par l’ordre, et dont ils critiquent l’hypocrisie et le conformisme. Ils ont besoin d’un vent de liberté qui balaierait le pays, aux couleurs de rythm’n’blues et de country : le rock’n’roll. Une musique qui déchaîne les corps et les esprits, sans pudeur et sans tabou, le rock’n’roll (ou dans sa forme originelle, le rockabilly) est d’abord le fruit de la rencontre entre la musique des noirs et celles des blancs. Toutes Les origines du rock étaient jusqu’alors marquées par l’importante ségrégation raciale : le jazz, le boogie-woogie, le rythm’n’blues, le blues étaient joués par des artistes noirs pour un public noir tandis que la country et la folk étaient joués par des artistes blancs pour un public blanc. Le rock’n’roll réalise la fusion de ces genres et contribuera à faire tomber les barrières raciales. Les premiers interprètes seront Bill Haley and His Comets, avec Rock Around The Clock en 1953 qui marque les débuts du rock’n’roll, mais aussi Chuck Berry et son fameux Roll Over Beethoven, faisant justement allusion à l’arrivée massive du rock sur les ondes radios, ou encore Jerry Lee Lewis ou le Tutti Frutti de Little Richard et son irrésistible cri «A wop bop a loo-bop, a wop bam boom !» ; ils deviendront au fil des succès les icônes de cette musique aux sonorités électriques. Mais le rock’n’roll a besoin d’un visage et ce sera celui d’Elvis Presley, passionné de musique afro-américaine, qui débarque de Memphis à dix-neuf ans. Il est alors chauffeur de camion lorsqu’il enregistre pour sa mère son premier disque. Les paroles des premières chansons ne prônent rien d’autre que l’amusement, la joie de vivre, la dépense insouciante de sa paie hebdomadaire ou les aventures avec les filles.



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C'est le 15 août 1955 que le colonel Parler devient officiellement le nouveau manager d’Elvis

Elvis Presley fut véritablement le déclencheur de l’industrie du rock‘n’roll, dans la publicité mais aussi au cinéma. Il deviendra le premier vrai produit commercial du rock’n’roll, jusque dans les années 1960 lorsque son image de rocker sera adoucie. Ce genre musical sera exactement ce dont ils ont besoin : une musique désinvolte, mélangeant une angoisse existentielle et un mépris des règles de la mélodie et de la bienséance, qui rapproche les races, les sexes, les âges et terrifie l’ordre établi dans ces frileuses années de guerre froide. Et ce rock est fortement réprouvé et sanctionné par l’establishment américain, qui le qualifie de déviant, c’est-à-dire de non conforme à ses propres normes et valeurs. Toutefois les jeunes comptent bien s’adonner à une sexualité plus libre, au flirt, à la consommation, à la liberté : le rock’n’roll est pour eux une véritable révolution, une révolution jeune. Le rock n’est pas contestataire dès le début. Il n’est pas utilisé dans ce sens par les artistes. La véritable contestation vient des jeunes britanniques, qui ne veulent jouer que de la musique noire américaine (pour le beat, et non pour leurs propres revendications sociales, ne sachant d’ailleurs pas la couleur de peau de la totalité des artistes qui les inspirent; comme le dira Keith Richards, « On ne savait pas si Chuck Berry était noir ou blanc avant de voir la pochette des disques. L’attitude des jeunes rockers britanniques sera ancrée dans le refus de leur société vieillissante et dans l’expression de leurs réelles difficultés économiques dues aux ravages des bombardements nazis et des efforts de guerre considérables. Certains artistes utiliseront leur notoriété grandissante à des fins politiques, pour faire passer des messages : arrêt de la guerre du Viêt-nam, refus du capitalisme, changement de société... L’Angleterre d’après-guerre va donner naissance et va voir apparaître différents mouvements parmi sa jeunesse. C’est en 1953 précisément, dans l’est de Londres, que des gangs d’adolescents vont commencer à se faire connaître. On les appellera les Cosh Boys, mais la presse les rebaptisera Teddy Boys en rapport à leur reconnaissance au roi Edward VII (Ted étant le diminutif d’Edward). Le rock américain ( Presley, Cochran, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis, Buddy Holly, Chuck Berry, Little Richard etc…) fait son apparition en Angleterre dans la 2 EXPOSAe moitié des 50’s et sera immédiatement adopté par les "Teds" . Les Teds, dont les rixes sont courantes, seront interdits d’entrer dans certaines villes comme à Wolverhampton ou à l’entrée de pubs, on pouvait lire : « No Children, No Dogs, No Teds ». Mais ce rock’n’roll va captiver l’attention d’autres fans à cette même époque. Ce sont les rockers.



mods mode
C’est dans le quartier huppé de l’ouest de Londres, qu’une frange de la jeunesse qui écoute du Modern Jazz, attache une grande importance à sa tenue vestimentaire à la pointe de la mode
mods fument
L’engouement de la pipe chez les mods a commencé en 1964 lorsqu’un mod a demandé à un buraliste du "matériel pervers". Une pipe bavaroise lui fut alors vendue.
rocker
L’uniforme des "bad boys" américains va devenir incontournable : blouson de cuir uniquement de fabrication nationale. Quelques privilégiés arboraient des "Irvin Jacket" de l’aviation anglaise ou son homoloque le fameux B3 des pilotes de bombardiers US.
hippies
Dès 1966, le mouvement mods perd de son ampleur surtout dans le sud de l’Angleterre, et les jeunes Britanniques rejoignent en masse le psychédélisme et deviennent des hippies fortement influencés par les acides, le Flower Power et le Summer of Love.

A la fin des années 1950, le rock’n’roll perd de sa popularité et de sa vitalité. Certains grands noms de l’époque disparaissent. Le rock va se propager en Europe à la fois pour des raisons sociales, historiques et musicales. Les concerts donnaient lieu à des mouvements de foule déchaînée et à des hystéries croissantes, c’était un véritable phénomène de société. Toutefois, il est très similaire à celui qui a frappé l’Angleterre dans la décennie suivante : la Beatlemania . Le terme de Beatlemania apparaît lorsque les Beatles, ce groupe mondialement connu originaire de Liverpool et considéré comme ayant vendu le plus grand nombre de disques à ce jour, atteint une forte popularité : outre les hurlements et les évanouissements des jeunes filles à la vue des Fab Four, les jeunes garçons adoptent leur coupe de cheveux, légèrement plus longue que celle que peut se permettre un homme en 1963 ; les produits dérivés à l’effigie des Beatles sont vendus par milliers, et on s’arrache leurs vêtements et leurs disques. Si la notion d’idole existait déjà, la notion de fan est née. L’artiste devient donc un symbole. C’est un personnage public, il est adulé ou haï mais personne ne reste indifférent volontairement ou non, il devient une référence que l’on cite. A travers ces idoles, les jeunes vont désormais se reconnaître dans les courants musicaux, et alors que le rock’n’roll des fifties avait libéré la jeunesse et l’avait unifié, il va dans les années qui suivent et le début des sixties lui donner l’occasion de s’identifier, de se trouver une identité. L’AngIeterre, lieu emblématique de la renaissance du rock, sera pendant ces premières années le théâtre de conflits qui vont séparer la jeune société britannique, société qui va se diviser, à l’instar du rock, en deux bandes rivales : d’un coté les mods et de l’autre les rockers.



Brighton
Le 19 avril 1965, une baston mémorable a éclaté entre les deux clans sur la plage de Brighton. Cette rixe impliquant près de 3 000 personnes a choqué toute l’Angleterre.
Arrestation mod
La chasse à l’homme pratiquée par les mods, très supérieurs en nombre, s’explique difficilement. Prévenue auparavant, la police a pu intervenir rapidement.
Quadrophenia
Pour ce qui est du film ultime représentant les escarmouches entre les mods et les rockers sur les plages de Brighton, Quadrophenia reste le film culte par excellence. C’est l’histoire de Jimmy, un jeune mod, en quête de son identité. Le tout est basé sur le chef-d’oeuvre d’opéra rock du même nom par le groupe The Who.

Ce besoin d’identification, d’appartenance à un groupe de la société et donc de reconnaissance confirment que « les pratiques d’écoute musicale des jeunes ne sont pas le simple reflet d’une identité définie par la position sociale, le sexe ou la génération. Elles sont au contraire partie prenante d’une expérimentation et de la construction des repères identitaires de l’adolescence, où la géographie des styles et des courants musicaux s’articule parfois avec des codes vestimentaires. («Média musical et Identitaire» de Philippe Coulangeon dans Sociologie des pratiques culturelles). Ainsi, face aux adeptes d’ Elvis, s’impose en Angleterre un mouvement jeune qui refuse les traditions du rock défendues par les rockers : les mods (abréviation de modernists), qui revendiquent le jazz comme le chante un groupe qui fait son apparition au début des années 60 : les Who. Mod or Rocker, You had to be one or the other (Mod ou Rocker, tu dois être l’un ou l’autre). Si la musique est la raison première de leur mésentente, elle se traduit surtout dans les codes vestimentaires : tandis que les rockers s’habillent de cuir, les mods, dans le souci de leur apparence vestimentaire, cherchent à se vêtir plus élégamment, avec des chemises boutonnées et des polos, leurs chaussures sont italiennes et ils adoptent la coupe de cheveux courte « french line » avec la raie sur le côté, le tout renvoyant aux temps où le gentleman anglais exprimait son niveau social et son degré d’éducation par une adhésion à des codes vestimentaires stricts. Les idéaux des rockers sont complètement opposés à ceux des mods, ils cherchent au contraire à s’affranchir de la société et ont soif de liberté, alors que leur rivaux voient dans la société de consommation et dans la débauche un idéal de perfection ; et leurs véhicules respectifs sont un parfait exemple du fossé qui les sépare : quand les mods customisent leurs scooters italiens dans un objectif esthétique, les rockers modifient leurs motos pour une meilleure vitesse, au détriment du confort. De cette façon, les pratiques musicales et dans l’ensemble culturelles de ces deux bandes rivales vont séparer la jeunesse britannique en deux clans distincts qui vont jusqu’à s’affronter dans de violentes bagarres : les uns comme les autres sont munis d’armes, de matraques, de couteaux de poche ; les mods se promènent même avec un hameçon dissimulé sous leur parka.

Au cours des années, les bagarres dégénèrent en émeutes, surtout dans les stations balnéaires, et le 19 mai 1964, les journaux anglais ont le triste honneur de publier la photo de l’incident survenu la veille à Brighton, où une armée de mods a poussé deux rockers du haut de la promenade sur la plage en contrebas. La musique a eu, outre de nombreux ravages sur les artistes eux-mêmes, un impact sur la société qu’on ne lui soupçonnait pas. L’influence est souvent néfaste, et certains artistes sont les premiers, jouissant de leur notoriété, à inciter même involontairement ceux qui les écoutent et les admirent pour leur débauche, leurs excès, à leur consommation de drogues. Le juge qui condamna le musicien britannique de folk Donovan en 1966 pour possession de marijuana lui déclara : « Vous devez garder à l’esprit la grande influence que vous avez sur la jeunesse ; il vous incombe donc de bien vous comporter.» Les abus de drogues font, depuis toujours, partie du paysage du rock’n’roll. Toutefois, ce phénomène s’accélère dans les années 60 puis les années 70, où on s’essaie au cannabis, on multiplie les expériences hallucinatoires au LSD, à l’acide et surtout où on les partage (c’est par le biais de Bob Dylan que les Beatles passeront de la consommation de pilules à celle de marijuana).

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Roger Daltrey, chanteur des Who, déclare que Jimi Hendrix " a complètement volé le jeu de scène de Pete Townshend"
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Chanteuse américaine, Janis Lyn Joplin est née le 19 janvier 1943 à Port Arthur, ville portuaire du Texas. Elle est décédée d’une overdose le 4 octobre 1970 à Los Angeles
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L'histoire du groupe mythique The Beatles commence à Liverpool en 1957, quand John Lennon, âgé de 17 ans, fonde le groupe The Quarry Men avec Paul McCartney, de deux ans son cadet.

Les artistes, pris au piège d’horaires contre-nature, de planning infernaux et d’un public toujours insatisfait et avide de divertissement, se réfugient dans la drogue, devenant indispensable comme stimulant. Elle finit par devenir une culture, surtout répandue en Californie où le LSD restera légal jusqu’en 1966 et donnera lieu à un rock’n’roll introspectif, le psychédélisme, effet de la création artistique sous l’emprise d’acide. Il existait même alors pour les stars des clubs privés, comme le UFO (Unlimited Freak Out, traduisible par « défonce illimitée ») où Pete Townshend, les Beatles, les Rolling Stones et Jimi Hendrix se rendaient régulièrement, sans être importunés par leurs fans. Grâce à leur argent et à la formidable facilité avec laquelle ils y accédaient, ils furent les premiers à en subir les conséquences : les overdoses étaient monnaie courante dans le milieu, la mort de Janis Joplin le 4 octobre 1967 ne surprit personne ; son ami musicien Nick Gravenites en décrira même l’inéluctabilité dans la confrérie du rock. « Sex & Drugs & Rock & Roll » est le titre d’une chanson de Ian Dury, sorti en 1976, et qui devint plus tard la célèbre maxime que nous connaissons.

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